Résolu No more wide eyes [Xander x Rudy]

(Non, aujourd'hui j'ai chorale et cours de chant !)

[Xander]

Ma cigarette terminée, je n'ai pas chercher à en entamer une autre. J'ai la voix suffisamment rouée à force de pleurs, et la cigarette n'arrangerait rien. Je n'arrangeais pas les choses de toute façon. Ça allait sûrement empirer, même. Rudy s'est allongé à côté de moi, moi je n'ai pas bougé, impassible. La tête entre les bras, à prendre de longues inspirations pour calmer mes propres moeurs, pour retenir d'autres larmes de couler. C'est d'autant plus triste que ce n'est pas la première fois que je ressentais cela. Je me pense suffisamment fort pour ne pas me couler dans mes pires retranchements, mais qui sait combien de temps ça tiendra ?  

Connor va chercher à récupérer le corps d'Inaya. Il l'avait fait, pour Annie. En réalité il supportait difficilement que le corps de ses enfants se retrouvent dans les mains d'incompétents. On a nos propres méthodes. Et ensuite ? La suite n'est pas difficile à deviner, mais elle ne sera pas belle à voir. Eh, j'ai vraiment merdé cette fois, hein ? 

J'ai relevé la tête, frottant doucement mes cheveux contre ma main. Celle qui était restée près de moi était celle parsemée de petites brûlures. Je n'en comprends le sens que maintenant. Ça me met d'autant plus hors de moi.

La redescente sur Terre ne va pas être agréable. 

Un long silence a marqué ma prochaine prise de parole.

“-Tu sais, ce n'était même pas ma soeur.” 

J'ai grimacé. Non, je ne le pense pas.

“- Mais elle l'était dans le seul sens qui compte vraiment.”

Elle était une sœur à mes yeux. Pour quelqu'un comme moi ça veut dire beaucoup.

(Ok ! Bonne chance ! :D)

[Rudy]

Rudy ne bougeait pas. Il pouvait rester là tout le temps qu'il voulait, tant que Xander le voulait bien. Au fond, il n'avait jamais consenti à ce que Rudy vienne. Il avait juste couru jusqu'à le retrouver dans son bureau, c'était permis de rentrer à l'intérieur. Peu lui importait le reste.

Attiré par la voix de Xander qui émanait, le visage caché entre ses bras, Rudy tourna la tête vers lui. Il l'observait, en silence. Ce n'était pas difficile, maintenant qu'il était juste à côté, de percevoir les marques qu'avait laissé Ledger - outre celles mentales qui ruisselaient sur ses joues.

" - Oui, je comprends."

Rudy n'avait pas eu de soeur, ou de frère. C'était plutôt une sorte de papa qu'il n'avait jamais eu, et sur qui il s'était reposé un peu trop souvent. Peut-être à tord, car quand il y repensait, il comprenait que ça n'allait que dans un sens, et qu'il avait de nombreuses fois été plus un poids qu'un fils illégitime.

(Merci !)

[Xander]

J'ai hoché la tête. Est-ce qu'il comprenait vraiment ? Je n'en sais rien. Il pouvait très bien dire ça pour simplement le dire, mais qu'est-ce que je savais de Rudy au final ? Pas grand chose. Le peu que je sais se compte sur une main, à peine. 

J'observais ma main brûlée comme simple rappel. Ce n'était pas un rêve, et il allait se passer des choses terribles. 

“-Qu'est-ce qu'il se passe, maintenant...?”

C'était une petite phrase, passée sous silence. Elle soulevait beaucoup de questions auxquelles on ne cherchait pas à répondre, mais je suis incapable de m'anesthésier à la douleur et aux remords tant que cette histoire ne sera pas terminé. Il y a peu de chance que Connor me laisse faire, aussi.

[Rudy]

Il s'était attendu à ce que Xander se mure dans le silence, mais pas à ce qu'il allait lui poser ce genre de questions. Les remarques désobligeantes passaient encore. Mais les questions, purement honnête, purement perdues, Rudy les haïssait.

Il observait son visage, caché derrière ses doigts. Il leva sa propre main, passant le dos de ses doigts juste à côté de la plaie que Ledger lui avait fait.

" - Pourquoi tu ne m'en as pas parlé, ça aussi ?"

Rudy avait l'habitude de voir ces marques là, aussi. Pas tout le monde ne marquait les gens avec de petites cercles de brûlures noires, qui s'infectaient très vite si on y prenait pas attention et qui laissait des cicatrices terrifiantes.

Il pouvait parler de tout ce qu'il voulait, mais par pitié, rien qui le sortait de sa zone de confort. Pas de sentiment. Rudy allait continuer à faire son boulot. Xander et sa soeur avaient été des dégâts collatéraux, rien de plus. Il essayait de s'en convaincre.

[Xander]

Ce n'est pas la réponse à laquelle je m'attendais. Ce n'est pas une réponse du tout, d'ailleurs : c'est dévier le sujet pour ne pas parler de ce qu'on cherche à éviter le plus. Plus communément, c'est du déni. Malgré l'action pour le moins inattendue de Rudy, je n'ai pas cherché à cacher ma main. Ça n'effacerait pas les marques pour autant.

“-Ça n'avait pas tant d'importance, si ?”

Ce n'est rien de plus qu'une marque. Enfin, c'était. Maintenant c'est juste un rappel constant comme quoi ma bêtise m'a conduit à ma perte. Qu'il m'ait brûlé la main entre deux conversations sur ses méfaits, qu'est-ce que ça pouvait changer ?

Mais si je suis tout à fait honnête, il n'y avait pas que de ça.

“-Je ne sais pas ce que je peux te dire ou non.”

Je ne sais pas si je peux te faire confiance.

[Rudy]

Maintenant que son attention avait été dévié à sa main, il la reposa sur son torse, toujours perdu dans ses propres réflexions. C'était étrange, à quel point la pièce était silencieuse, à quel point ils parlaient doucement, et en même temps les deux adultes étaient entourés d'objets jetés, cassés, de meubles renversés. C'était un champ de guerre.

" - Tu aurais dû m'en parler."

Mais il ne l'avait pas fait, comme il ne l'avait pas appelé pour Niffelheim, et comme il ne l'avait pas prévenu pour sa propre soeur aussi finalement. Il soupira, tournant la tête ailleurs. Il observait ce qui se trouvaient autour d'eux : de la violence, de la violence, de la violence.

" - Tu ne me dois rien, Xander. Mais si tu veux parler de quelque chose, fais donc. Rassure toi, je n'ai personne à qui partager tes petits secrets."

[Xander]

J'aurais dû ? Ah, voyez-vous ça. Je comprends, que j'aurais dû lui parler de la visite surprise du déchaîné de l'autre jour : ça le concerne, et ce de près. Il venait de tuer son ami, ça concernait l'enquête sur laquelle on bossait tous les deux... Il était en droit de savoir. Mais pour ce qui est de ma main... Si je n'ai pas voulu en lui en parler, c'est mon problème, n'est-ce pas ? Ça ne me regarde que moi. C'est moi qui ait la marque, après tout. C'est mon corps, aussi.

Je ne partage pas mes secrets avec grand monde non plus, non. Moi, il faut que je garde tout pour moi jusqu'à ce que ça me retombe sur le coin de la gueule, il n'y a que de cette façon que je comprends vraiment les choses. Je peux être sûr que Connor allait me passer un sacré savon pour ne lui avoir rien dit concernant toute cette histoire, pour preuve. Faut croire que c'est une mauvaise habitude chez moi.

“-Et pourquoi tu n'as personne à qui raconter tes secrets ?” 

Maintenant que j'y pensais, je ne l'avais jamais vu avec quelqu'un d'autre. La toute première fois, sur la scène de crime, il me paraissait détaché de ces autres collègues. Comme si sa place n'était pas ici. Je me suis légèrement tourné vers lui. Il y a peu de chance qu'il me réponde, je le sais bien, mais tant qu'à faire. Autant engendrer plus de chaos dans cet endroit chaotique.

[Rudy]

Ah oula... Rudy glissa son bras sur son visage, cachant ses yeux contre son poignet. Il réfléchissait en même temps qu'il se remémorait. Rudy n'avait pas d'amis dans le sens où on pouvait l'entendre. Il avait des proches, des gens qu'il avait apprécié - et dont ça avait été réciproques - mais personne qu'il ne fréquentait actuellement. Il était seul, et ne s'en plaignait pas. De toute façon, même accompagné, il n'était pas du genre à se confier.

Dans un soupir, presque rieur, il levait juste la main comme si c'était quelque chose de logique, qu'il n'ait personne.

" - C'est plus pratique comme ça, tu ne crois pas ?"

Niffelheim avait payé le prix cher, parce que Rudy n'avait pas été capable de rester sur ses plates-bandes. Comme d'habitude. Ce n'était pas le premier. C'était le dernier nom sur une liste longue comme le bras. Rudy avait l'habitude d'avoir la sensation du sang poisseux sur les mains, d'autant plus celui de ses amis.

[Xander]

Globalement, mon regard restait sur Rudy, peu importe ce à quoi il pense. De temps à autre il dérivait à peine plus haut que lui. Il y avait un bordel monstre que je n'aurais jamais toléré si je n'étais pas celui qui l'avait causé. Avec le recul, je me dirais que c'était une réaction idiote, ça revenait à faire un caprice parce que je n'avais pas eu ce que je voulais. Dans l'immédiat, ça m'apaise. Ça m'évite de mettre mon coeur en charpie. 

Mes yeux se retrouvent de nouveau sur Rudy. Je les frotte un peu, pensif. Pratique, qu'il dit ?

“-Aussi pratique que destructeur.”

Il faut savoir faire la  part des choses entre ce qu'on veut et ce dont on a besoin. Ce dont on a besoin, ce n'est pas toujours ce qu'on veut. Mais bon, qui suis-je pour juger ? Il y a bien une raison pour laquelle le flic me reproche de ne pas lui avoir dit quoique ce soit. 

À force de m'appuyer à la force seule de mes bras pour tenir, cette extrémité commençait à être toute endolorie. J'ai fini par lâcher pour me retrouver dans la même position que Rudy. Mes joues me tiraient, et naïvement j'ai passé mes mains sur mon visage, pour enlever la lourdeur de mes larmes, passées et repassées sur le même chemin. 

“-Je vais te dire un secret.”

[Rudy]

Rudy, caché dans l'obscurité de son bras, s'était perdu lui-même dans ses propres pensées. Il laissa entendre un petit grognement, pour toute réponse. Peu lui importait que ce soit destructeur. Au moins il ne se retrouvait plus dans le même état que Xander. Il continuait d'avancer. Bosser, c'était une manière de vivre. C'était la seule chose qui lui restait, en fait. Peut-être qu'il n'y avait tout simplement plus rien à détruire.

" - Fais donc."

Même s'il ne le regardait pas, ça ne voulait pas dire qu'il n'avait pas toute son attention. Il n'avait rien d'autre à s'accrocher que la voix de Xander. Mais, d'une part, il voulait aussi qu'il le comprenne. Il fit tomber son bras comme on faisait tomber un voile, fixant d'abord le plafond avant de tourner les yeux vers lui, l'observant du coin de l'oeil. Il pouvait sentir sa poitrine se soulever et se relever au fil de sa respiration, et actuellement c'était tout ce qui comptait.